Le barrage de Pwëbuu (Pouembout)
Face au déficit en eau sur la zone VKP, la province Nord agit.
Son objectif : renforcer la ressource en eau de la zone en se dotant d’un barrage à usages multiples.
Face au déficit en eau sur la zone VKP, la province Nord agit.
Son objectif : renforcer la ressource en eau de la zone en se dotant d’un barrage à usages multiples.
Avec le développement économique et démographique lié à l’Usine du Nord et avec la dynamique de la création d’un nouveau pôle urbain, les besoins en eau sur les communes de Vook (Voh), Koohnê (Koné) et Pwëbuu (Pouembout) sont croissants. Par ailleurs, l’expression du potentiel de développement agricole stratégique pour le Pays de la plaine de Pwëbuu (Pouembout) est aujourd’hui entravée par l’accès insuffisant à l’eau. Les ressources actuelles sont déjà fragiles et les périodes de sécheresse avec manque d’eau deviennent fréquentes. Il est aujourd’hui indispensable de sécuriser l’alimentation en eau des usages.
L’enjeu du projet de barrage est de concevoir un ouvrage permettant de concilier la préservation de la ressource en eau, que l’on sait fragile, et le développement économique et démographique de la zone.
Ce projet, structurant pour le territoire, va aussi offrir des opportunités pour tous : emploi, formation, développement de nouvelles filières agricoles, touristiques et industrielles…
La finalité du barrage est de permettre une amélioration de la desserte en eau, pour l’eau potable et pour l’irrigation agricole. Le projet doit s’accompagner de pratiques plus responsables en termes d’économies d’eau, de protection des milieux et des écosystèmes, de préservation des sols et des eaux.
Le barrage de Pwëbuu (Pouembout) est donc une réponse à une problématique de sécurisation de la ressource en eau face au développement de ses usages et d’adaptation au changement climatique. Il sera également un véritable outil de développement, déclencheur d’une dynamique nouvelle pour le pôle VKP en apportant son concours dans plusieurs domaines clés :
Le barrage de Pwëbuu (Pouembout), c’est le plus grand projet porté par la province Nord depuis la transversale Koohnê (Koné)-Tiwaka !
Pour relever le défi de ce projet ambitieux, la province a imaginé une gestion de projet basée sur la prise en compte de tous les aspects :
Retrouvez des informations et des éléments de compréhension sur chacune de ces thématiques en parcourant cette page.
La localisation du barrage de Pwëbuu (Pouembout) a fait l’objet d’une analyse multithématiques sur les quatre sites d’implantation initialement identifiés.
Cette phase de diagnostic a permis de sélectionner les deux sites les plus adaptés au projet. En août 2018, sur la base de l’analyse multicritères, le COPIL a acté le choix du site intermédiaire dit « Falconbridge», à l’aval immédiat de la confluence de la rivière Ouendé avec la rivière Poualoa.
Ce site a été retenu car il présente la combinaison avantageuse d’être situé entre deux éperons rocheux qui permettront un bon ancrage de l’ouvrage, tout en étant alimenté par la Ouendé et la Poualoa, deux affluents majeurs de la Pwëbuu (Pouembout), favorisant ainsi un remplissage plus rapide de l’ouvrage.
Ainsi positionné, l’ouvrage et sa retenue concernent 3 types de foncier : privé, public et coutumier. La province Nord doit maîtriser ce foncier avant de débuter la construction.
Voir la plateforme cartographique
Bien que le barrage de Pwëbuu (Pouembout) soit implanté sur la commune du même nom, les potentiels de développement induits par le projet, notamment du secteur agricole, accroissent sa portée à l’échelle Pays. En témoigne la multitude et la diversité des partenaires qui accompagnent la province Nord dans la réalisation de ce projet.
Conformément au Code de l’environnement de la province Nord, un Comité Local d’Information et de Suivi (CLIS) a été mis en place. Il réunit des associations et des représentants des usagers (districts coutumiers, conseils des clans, centre d’initiation à l’environnement, Fédération des chasseurs, etc.). Ce comité est associé à toutes les phases du projet et perdurera pendant toute la vie de l’ouvrage. Il constitue une passerelle directe entre les usagers et les services provinciaux et permet à ses membres d’exprimer leurs attentes, de prendre connaissance de l’avancée des actions engagées et de faire le relais auprès de la population qu’il représente.
Il est rassemblé à minima une fois par an en séance plénière ou en atelier de travail collaboratif autour de réflexions liées au projet. Il peut également s’autosaisir autant que de besoin.
Le barrage est dimensionné pour permettre de stocker le volume d’eau nécessaire à la satisfaction des besoins pendant une année. Afin de garantir les activités en amont de la retenue, le « point zéro » a été fixé par la tribu de Pwëutë (Paouta). Il est situé à 91m au-dessus du niveau de la mer et définit la limite d’ennoiement de la retenue du barrage à ne pas dépasser, hors périodes de crues.
Cette exigence a permis de fixer les dimensions de l’ouvrage, le volume maximal de la retenue et d’adapter les scénarios des besoins en eau qui seront couverts par le barrage de Pwëbuu (Pouembout), à l’horizon 2050.
Ainsi dimensionnée, la retenue permet de couvrir l’ensemble des usages, en priorisant l’alimentation en eau potable, puis les besoins environnementaux et enfin les besoins agricoles, c’est à dire :
À très long terme, la mise en place d’une conduite d’amenée à partir du barrage, en remplacement du lâcher d’eau pourrait permettre d’irriguer jusqu’à 3200 ha.
Une étude pour la définition d’une solution technique a été réalisée pour valider la faisabilité de l’ouvrage. Ainsi, l’emplacement et la géométrie des différentes parties constitutives de l’ouvrage et ses organes de fonctionnement et de sécurité ont été étudiés :
Les données principales obtenues :
> Caractéristiques principales de l’ouvrage
> Caractéristiques principales de la retenue
> Les 4 phases de construction
> Coupe longitudinale sur l'ouvrage
> Coupe transversale au droit de l'évacuateur de crue
> Vue en plan de l'ouvrage
A la différence d’autres barrages en Nouvelle-Calédonie, le barrage de Pwëbuu (Pouembout) n’a pas de conduite d’amenée vers les usages. L’eau stockée est directement restituée en pied l’ouvrage et la satisfaction des usages se fait directement par prélèvement dans la rivière ou dans la nappe associée. On parle d’un fonctionnement par « lâchers d’eau ». Ainsi, un débit est en permanence restitué dans la rivière. Ce fonctionnement est plus respectueux de l’environnement qu’un système avec canalisation.
Le lâcher d’eau, en maintenant un débit dans la rivière, permet également de maintenir le niveau d’eau dans la nappe alluviale (eau souterraine) à l’aval et d’empêcher la remontée du biseau salé. Le barrage se remplit en périodes de pluies et une fois qu’il est plein, l’ouvrage fonctionne en « transparence », c'est-à-dire que l’ensemble des débits générés en amont passe par l’évacuateur de crues pour être restitué à l’aval du barrage, comme s’il n’y avait pas de barrage.
En période sèche, l’eau stockée est relâchée dans la rivière avec un débit permettant de combler les besoins1 pour :
Par pompage dans la nappe alluviale (elle-même alimentée par la rivière) :
Une partie de l’eau est restituée en permanence à la rivière pour reconstituer son débit naturel et maintenir des conditions favorables pour la vie des écosystèmes. Ce débit environnemental s’appelle le débit minimum biologique. Il est modulé tout au long de l’année pour garantir le fonctionnement normal du cours d’eau et des milieux naturels associés. Les volumes correspondants sont pris en compte dans le dimensionnement du volume utile du barrage.
Par pompage direct dans le cours d’eau.
Les hypothèses sont basées sur les approches adoptées par l’étude des potentialités agropastorales réalisée par la province Nord en 2016 (bureau d’études Agripole). Elles prévoient un système de polycultures et d’assolement et permettent, sur une partie des surfaces, une occupation des parcelles avec 2 cycles culturaux par an. Ces hypothèses sont compatibles avec la taille de l’ouvrage retenue.
DÉBIT AVAL DU BARRAGE = DÉBIT RESERVÉ + DÉBIT POUR L’ALIMENTATION EN EAU POTABLE + DÉBIT POUR L’IRRIGATION
N.B : Ce débit est régulièrement contrôlé et modulé en fonction des usages.
Il est également prévu d’installer une microcentrale hydro-électrique au pied de l’ouvrage pour turbiner l’eau restituée. Cet usage d’opportunité reste secondaire par rapport aux usages eau potable et irrigation, permettra de produire une énergie annuelle de 813 MWh (énergie journalière de 2 200 kWh).
1 Les besoins en eau pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable ont été quantifiés pour un horizon 2050
2Les surfaces irriguées sont actuellement de l’ordre de 600 ha
3Une année médiane est une année qui présente la probabilité de survenir une année sur deux, ici sur le plan météorologique et notamment pluviométrique. Une année décennale sèche est une année de sécheresse qui présente la probabilité de survenir une année sur dix, ici sur le plan météorologique et notamment pluviométrique
Le coût global du projet, c'est-à-dire les études, la construction de l’ouvrage et l’ensemble des travaux associés (pistes, achat du foncier, réseaux, etc.) est estimé à environ 10 milliards F.CFP. La province Nord prend en charge tous les coûts d'investissement, y compris l'amortissement de l'ouvrage. Ainsi le tableau ci-dessous reprend les coûts d’investissement par catégorie.
*Ici les dépenses relatives au projet de développement ne comprennent que celles liées aux investissements provinciaux déjà identifiés et budgétés.
**Autres dépenses = études et travaux de pistes, captage sur la Papana, achat foncier, études de programmation, études environnementales.
Depuis l’émergence du projet en 2013, 480 millions F.CFP ont été dépensés. Ces coûts ont été financés sur les contrats de développement et sur fonds propres. En effet, Le projet de barrage de Pwëbuu (Pouembout) bénéficie d’un appui de financement dans le cadre du contrat de développement 2017-2024, à hauteur de 1,340 milliards de francs, selon la répartition suivante : PN 17%, Etat 25% et Gouvernement de la Nouvelle Calédonie 58%. Cette enveloppe couvre notamment les études de programmation, les études environnementales, la création d’un captage, le projet de développement, l’acquisition de données topographiques de haute précision, etc.
La province Nord s’associe à l’Etat dans le cadre du Contrat de Développement 2024-2027. Trois opérations liées au barrage y sont inscrites, dont la phase de conception et d’autorisation de l’ouvrage. Ces trois opérations représentent 18,5% du montant global du contrat. Le financement des différents chantiers, projets et études restant à réaliser jusqu’à la fin de la conception de l’ouvrage est ainsi sécurisé.
Une fois l’ouvrage construit, les coûts d’exploitation associés à la gestion de l’ouvrage et du bassin versant sont estimés à 70 millions de francs par an. Cette dépense sera couverte au travers du paiement du service de sécurisation de la ressource par la mise en place d’une participation des usagers.
La province Nord attache une grande importance aux aspects environnementaux et exige la plus grande rigueur en matière de préservation des milieux terrestres et aquatiques. Elle devra, à l’issue de la phase de conception de l’ouvrage, être autorisée par les autorités environnementales compétentes à démarrer la phase de construction de l’ouvrage. Pour se faire, elle doit réaliser l’étude d’impact environnemental du projet qui évaluera, à partir de la caractérisation de l’état initial de l’aire d’influence du projet, les impacts induits par le projet sur l’environnement. Ces impacts devront faire l’objet d’une analyse fine afin de proposer des mesures visant à les éviter, puis les réduire et compenser ceux n’ayant pu être ni évités ni réduits. On parle de séquence éviter-réduire-compenser (ERC).
Compte tenu de l’ampleur et de la durée des études à mener sur plusieurs saisons, la province Nord a anticipé depuis 2019 la réalisation de ces études en confiant à des bureaux d’études locaux, dès la phase de programmation, trois prestations sur l’ensemble du bassin versant :
Ces études permettront d’améliorer la connaissance du bassin versant actuel (sans barrage) et d’aboutir aux propositions de mesures permettant d’Eviter-Réduire-Compenser (ERC) l’impact du projet sur son environnement. En outre, elles permettront d’équiper le bassin versant d’appareils de mesure pour assurer un suivi régulier de l’impact de l’ouvrage et de sa retenue pendant la construction et tout au long de la vie du barrage. Les éléments obtenus seront ensuite transmis au concepteur réalisateur, qui aura la charge d’acquérir les données complémentaires indispensables à la conception du projet de moindre impact et à la finalisation de l’étude d’impact environnementale qui sera présentée aux services instructeurs et soumis à la consultation du public dans le cadre des autorisations réglementaires.
Le schéma ci-dessous représente le processus des études environnemental.
Le projet de barrage répond à la nécessité pour la province Nord de renforcer la ressource en eau de la zone VKP par la capacité à constituer une réserve d’eau brute.
Afin d’être exploitée durablement, cette réserve doit s’accompagner de travaux d’infrastructures pour la distribution d’eau potable et pour l’irrigation agricole, mais également de travaux de développement dans d’autres domaines que l’eau. C’est tout l’enjeu du « Projet de développement », porté par la province Nord qui devra intégrer notamment le plan de développement agricole autour du barrage.
La richesse du patrimoine culturel de la haute vallée de Pwëbuu (Pouembout) a été prise en compte et intégrée aux processus du projet de barrage de Pwëbuu (Pouembout) depuis son émergence. De nombreux travaux permettant d’inventorier, de conserver et de valoriser ce patrimoine ont été entrepris.
Les découvertes archéologiques
Grâce à l’interprétation cartographique des géomaticiens de la province Nord, le LiDAR, technologie de précision pour la topographie, a permis la découverte d’anciennes zones d’occupation ayant trait à la civilisation traditionnelle kanak. L’interprétation de données collectées par télédétection pour des vestiges archéologiques est une première en Nouvelle-Calédonie. Cette campagne de télédétection débutée en 2015 et élargie en 2021 a permis la découverte de sites archéologiques majeurs dans les vallées de la Pouembout.
Les premiers sites majeurs ont porté sur la Ouendé et la Poualoa et le deuxième concerne la vallée de la Papana. Ces vestiges sont des anciennes zones d’habitation, de culture et de réseaux de communication entre les différents sites. Ils sont caractérisés par des structures d’habitats, des billons d’ignames, des tarodières, des sentiers ancestraux qui s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares.
Sur l’ensemble de la couverture LiDAR de la haute vallée de Pwëbuu (Pouembout), le décompte d’éléments archéologiques fait état de :
Devant la multitude des thématiques à traiter et autant de compétences à mobiliser, la province Nord s’est dotée d’une équipe projet renforcée composée d’une trentaine d’agents (dont trois à temps plein) répartis dans 7 directions et 16 services de la province. Ces personnes ressources sont sollicitées en plus de leurs missions habituelles, de façon ponctuelle lorsque leurs compétences sont nécessaires à l’avancement du projet.
* Nota : Une même personne peut apparaître plusieurs fois sous différents intitulés et dans différentes thématiques lorsqu’elle dispose de plusieurs compétences nécessaires au projet.
L‘équipe projet assure la conduite des opérations indispensables à l’avancée du projet, à l’information du public et aux développements induits par le projet.
Compte tenu des défis techniques que ce projet représente, la province Nord assure la maîtrise d’ouvrage et s’entoure de partenaires capables de l’accompagner efficacement :
La gouvernance s’appuie sur
Cette organisation et ce mode de gestion ont été élaborés dans le but de faire aboutir le projet de barrage le plus rapidement possible afin de répondre aux attentes des populations, tout en prenant en compte toutes les contraintes identifiées.
Ils visent également à mettre la concertation entre les opérateurs, les acteurs et les utilisateurs au cœur des avancées du projet, afin de leur permettre de s’approprier e projet et de le porter conjointement jusqu’à son aboutissement.